Introduction :
Le
contrat de travail est un acte de type privé qui lie juridiquement un employeur
à son employé. Il peut être conclu soit pour :
·
Une Durée Indéterminée où il n’y
a pas l’obligation de la rédaction du contrat par écrit selon l’Article 18
du Code du Travail ;
·
Une Durée Déterminée dans
laquelle la rédaction du contrat est obligatoire pour le seul fait qu’elle a
une durée déterminé ;
·
Un travail Déterminé ou le
travail à la tâche.
Le
contrat de travail peut prendre fin soit :
·
Par la volonté de l’employé par
le moyen de démission tout en respectant un délai de préavis selon les articles
13 et 14 de la loi 65-99 relatif au code du travail.
·
Par la volonté de l’employeur par
le moyen de licenciement soit pour le motif d’une faute grave ou lourde soit
dans le cas où les sanctions disciplinaires sont épuisées durant une seule
année à l’encontre du salarié.
Dans
le cadre de la relation de travail l’employeur peut reprocher à son
salarié de commettre des fautes qui peuvent nuire à l’entreprise, on parle
de la faute grave et la faute lourde où l’employeur peut priver son salarié des
indemnités, du préavis et avec le licenciement immédiat et même le salarié peut
verser des dommages et intérêts à son employeur.
L’article
35 du code de travail stipule :
« Est
interdit le licenciement d'un salarié sans motif valable sauf si celui-ci est
lié à son aptitude ou à sa conduite dans le cadre des dispositions prévues au
dernier alinéa de l'article 37 et à l'article 39 ci-dessous ou fondé sur les
nécessités de fonctionnement de l'entreprise dans le cadre des dispositions des
articles 66 et 67 ci-dessous.».
La faute grave fait partie des motifs stipulés
dans les articles 39 et 40 du code de travail et plus précisément celui lié à
la conduite du salarié. Ce qui nous invite à se poser les questions
suivantes :
·
Qu’est-ce qu’une
faute grave ?
·
Est-elle commise
seulement par l’employé ou il y a d’autres fautes graves à l’encontre de
lui ?
·
Quelles sont les
conditions et la procédure du licenciement par motif de la faute grave ?
Pour
répondre à toutes ces questions on va s’appuyer sur le plan suivant :
Première partie : La notion de la
faute grave.
·
A – définition de la
faute grave.
·
B – L’employeur et
l’employé face à la faute grave.
Deuxième
partie : Les
conditions et la procédure du licenciement en cas de faute grave.
·
A – Les conditions
du licenciement.
·
B – La procédure du
licenciement.
Première partie : La notion de la
faute grave.
A – définition de la faute grave.
Les législations marocaines et
étrangères se sont abstenues à donner une définition de la faute grave,
laissant à la doctrine et à la jurisprudence le soin de répondre à cette tâche.
Le
Droit international notamment, l’article 11 de la Convention
internationale du Travail n°158 adoptée à Genève dispose que «Un travailleur qui va faire l'objet d'une mesure de
licenciement aura droit à un préavis d'une durée raisonnable ou à une indemnité
en tenant lieu, à moins qu'il ne se soit rendu coupable d'une faute grave,
c'est-à-dire une faute de nature telle
que l'on ne peut raisonnablement exiger de l'employeur qu'il continue à occuper
ce travailleur pendant la période du préavis ».
Si
ce terme n’a pas de définition législative nationale, la Chambre sociale de la
Cour de Cassation française, et selon une jurisprudence constante –adoptée par
la jurisprudence marocaine -a répondu à ce vide et a considéré la faute grave
comme la résultante d’un fait ou d’un ensemble de faits imputables au salarié
qui constitue une violation des obligations découlant du contrat de travail
d’importance telle qu’elle rend impossible le maintien du salarié dans
l’entreprise. Toutefois, le légiférant marocain a énuméré dans une liste non
exhaustive certaines illustrations de la faute grave dans l’article 39 du code
du travail.
NB : La gravité
de la faute n'est pas subordonnée à l'existence d'un préjudice subi par
l'employeur, la présence d'un risque est suffisante.
B – L’employeur et l’employé face à la faute grave.
a – L’employé et la faute grave :
La nouvelle législation
dans son article 39 a établi une sorte de liste constituant les divers faits
pouvant être considérés comme étant des fautes graves justifiant le
licenciement du salarié sans aucunes indemnités. Cependant le législateur n'a
pas établi cette liste comme les seuls faits susceptibles de justifier le
licenciement. Par contre, il est difficile, voire impossible de prévoir les
milliards fautes pouvant être qualifiées comme faute grave. Donc le législateur
à partir de l’article 39 a dressé cette liste à titre exemple.
b - L'employeur et la faute
grave :
L'employeur
est le seul juge pour considérer que tel ou tel fait constitue, de la part du
salarié une faute grave, puisqu'il est le propriétaire de moyen de production,
il est le seul apte à qualifier ce qui est et ce qui n'est pas grave
dans son entreprise et d'en supporter les conséquences de sa décision lorsque
le litige est porté devant les tribunaux.
L'employeur,
ou le chef d'entreprise peut, lui aussi, commettre des fautes graves.
L'article
40 du code du travail cite, à ce titre :
Sont considérées comme fautes graves commises par l'employeur, le chef de l'entreprise ou de l'établissement à l'encontre du salarié :
ü l'insulte
grave ;
ü la
pratique de toute forme de violence ou d'agression dirigée contre le salarié ;
ü le
harcèlement sexuel ;
ü l'incitation
à la débauche.
Est
assimilé à un licenciement abusif, le fait pour le salarié de quitter son
travail en raison de l'une des fautes énumérées au présent article, lorsqu'il
est établi que l'employeur a commis l'une de ces fautes.
Alors le salarié, victime de l'une de ces situations, ou d'autres similaires, est en droit de quitter son poste de travail immédiatement.
Mais attention, le salarié ne peut pas s'adresser directement au tribunal pour réclamer les indemnités qu'il considère lui être dues, avant de se soumettre à la procédure prévue à l’article 62 du code du travail.
Soulignons enfin que les cas cités, par l’article 40 concernant la faute grave pouvant être commise par l'employeur doivent, pour être établit, s'appuyer sur le témoignage des autres salariés, ce qui rend difficile la tâche de la victime.
Deuxième partie : Les conditions et la procédure du
licenciement en cas de faute grave.
A – Les conditions du licenciement.
Le licenciement d’un salarié est une décision
sérieuse dans la vie courante de l’entreprise.
En cas de faute
grave, le salarié peut être licencié sans préavis ni indemnité ni versement de
dommages-intérêts (ART 61 CT).
Le
Motif le plus valable pour le licenciement est la faute grave commise par un
employé ;
Selon les dispositions de l’article 39, on entend par faute grave, les actes suivants :
Selon les dispositions de l’article 39, on entend par faute grave, les actes suivants :
ü Le
Vol ;
ü L’Abus
de Confiance ;
ü L’ivresse
publique ;
ü La
Consommation de stupéfiants ;
ü L’Agression
corporelle ;
ü L’insulte
grave ;
ü Le
Refus délibéré et injustifié du salarié d’exécuter un travail de sa
compétence ;
ü L’Absence
non justifiée du salarié pendant plus de quatre jours ou de Huit demi-journées
pendant une période de 12 Mois ;
ü La
faute du salarié occasionnant un dommage matériel considérable à
l’employeur ;
ü L’inobservation
par le salarié des instructions à suivre pour garantir la sécurité du travail
ou de l’établissement ayant causé un dommage considérable ;
ü Toute
forme de violence ou d’agression dirigée contre un autre salarié, l’employeur
ou son représentant portant atteinte au fonctionnement de l’entreprise.
Dans les cas cités ci-haut, le salarié peut être licencié sans préavis, ni indemnité, ni versement de dommages et intérêts (ART 61 CT).
B – La procédure du licenciement.
Pour que l’employeur exerce le pouvoir
de licenciement d’un salarié pour motif faute grave, il doit respecter la
procédure dictée par la loi 65.99 relative au code du travail dont la violation
peut dénaturer le licenciement en licenciement abusif.
Alors la procédure de licenciement pour
motif faute grave passe par huit étape :
1.
La date de la constatation de la faute passible de licenciement.
2.
Le délai de convocation obligatoire du salarié à l’entretien de
licenciement.
·
La loi n’indique aucun délai
minimal entre la lettre de convocation et le jour de l’entretien mais elle impose un délai de huit jours à compter
de la date de la constatation de la faute. (ART
62 CT)
3.
Entretien de licenciement.
·
Un entretien dans lequel est
accordé au salarié le droit de se défendre en présence d’un délégué de salariés
ou de se faire assister par un représentant syndical de son choix dans un délai
de huit jours à compter de la date où il a commis la faute qu’elle lui est
imputée. (ART 62 CT)
4.
Hypothèse du salarié qui ne se présente pas à l’entretien, ou
qui refuse d’entreprendre ou de poursuivre la procédure.
·
L’employeur doit poursuivre la
procédure de licenciement en faisant recours obligatoirement à l’inspecteur de
travail pour qu’il puisse écouter le salarié. (ART 62 CT)
5
Décision de licenciement ou le PV dressé par l’administration de
la société.
·
Il doit être dûment signé par les deux parties, dont une
copie et délivrée au salarié. (ART 62
CT)
6.
Cas ce refus de signature du PV par le salarié.
·
L’employeur doit poursuivre la
procédure de licenciement en faisant recours obligatoirement à l’inspecteur de
travail pour qu’il puisse écouter le salarié. (ART 62 CT)
7.
Notification de la décision de licenciement au salarié.
·
Elle doit être claire et explicite
et comportant les motifs justifiant le licenciement et assortie du PV.
·
Le salarié doit recevoir la
notification de la décision de licenciement soit en main propres contre un reçu
dans un délai de 48 Heures suivant la date à laquelle la décision de licenciement
a été prise, soit par lettre recommandée avec accusé de réception. (ART 63 CT)
8.
Une copie de la décision de licenciement doit être adressée à
l’agent chargé de l’inspection du travail.
·
Elle doit comprendre les causes
et les motifs justifiant le licenciement, la date de l’entretien et accompagné
du PV dressé par l’administration de la société et signé par les deux parties,
dont une copie est délivrée au salarié. (ART
64 CT)
NB : Le tribunal ne connaît que les
motifs mentionnés dans la lettre de licenciement.
Conclusion :
Pour
conclure :
1.
Le licenciement pour faute grave
se traduit, pour le salarié, par trois privations :
·
Il est privé de son droit au
préavis, autrement dit, il est mis fin à son contrat de travail immédiatement
et sans délai ;
·
La gravité de la faute le prive
également de son droit à l’indemnité de licenciement ;
·
Il est également privé de toute
réparation de préjudice (dommages-intérêts).
2.
L’employeur doit obligatoirement respecter la procédure de licenciement
prévu par le législateur, si non même si le licenciement et justifié il devient
un licenciement abusif pour le seul fait que l’employeur n’as pas respecté la
procédure mise en œuvre par le législateur marocain.
La biographie :
·
La loi 65.99
relative au code du travail
·
La Convention internationale du Travail n°158
adoptée à Genève
·
Un article
publié par Mr. Mohammed Jamal Maâtouk le 05 Juillet 2012 à Aujourd’hui le Maroc
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