Droit Constitutionnel
La théorie générale du droit constitutionnel comporte
l’analyse des concepts fondamentaux de ce droit, et l’étude de l’organisation
et les fonctionnements des institutions politiques des Etats. Elle a été
élaborée par la doctrine à partir de l’étude des différents régimes politiques
existants tout en tenant compte des constructions de la jurisprudence, de
l’opinion des jurisconsultes et des observations des politologues.
Cette théorie contient de nombreuses formules qui sont
communes à tous les pays, cependant, en ce qui nous concerne, elle sera dégagée
surtout des études constitutionnelles françaises, car si l’on examine les
différents régimes politiques du monde, on risque de rencontrer des concepts
des notions qui n’ont pas nécessairement le même sens, à titre d’exemple la
théorie politique américaine ignore généralement la notion d’Etat qui est si
répandue en Europe où elle s’est forgée sous la monarchie et où elle fait
partie intégrante de la philosophie juridique qui vise à affirmer l’autonomie
du politique par rapport à l’économique. De même les notions de partis
politiques et de démocratie s’apprécient différemment selon que l’on envisage
ces questions du point de vue marxiste ou du point de vue libéral.
Cela dit, l’étude de la théorie générale du droit
constitutionnel revêt une grande importance, elle nous permet d’approfondir la
compréhension des éléments essentiele de ce droit, et d’avoir une idée plus
claire sur l’organisation et le fonctionnement des institutions politiques au
sein des Etats. Pour se faire, nous traiterons les questions suivantes :
* Le droit de l’Etat ; * L’Etat de droit
; * La démocratie à travers la participation des citoyens au pouvoir, et au
choix des gouvernants ; * Et l’aménagement du pouvoir politique au sein de l’Etat.
Mais, avant de passer en revue ces différents aspects de la
théorie générale, il y a lieu de commencer par apporter quelques précisions sur
la notion de droit constitutionnel.
Qu’est ce qu’on entend alors par "Droit
Constitutionnel" ?
(Droit qui s’applique aux institutions
politiques).
La notion de droit constitutionnel :
Le droit constitutionnel est une branche fondamentale du
droit public. Son élaboration en tant que discipline juridique autonome remonte
au 19ème siècle, à la suite des révolutions américaine et française du 18ème
siècle, des documents constitutionnele portant des noms variés : constitution,
pacte, charte ou statut, apparurent un peu partout en Europe proclamant les
libertés individuelles, la limitation des pouvoirs et la souveraineté du
peuple, elle était liée au libéralisme et à l’avènement de la bourgeoisie au
pouvoir en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique, le droit constitutionnel
participe donc de la culture occidentale, il s’est développé au point de faire
figure de données universelles, ainsi actuellement, ce droit est enseigné dans
toutes les universités du monde, et il a ses propres principes, ses propres
sources, lesquele ne doivent rien aux autres disciplines.
Cependant, malgré le développement de la recherche
constitutionnelle et le progrès réalisé dans l’étude des institutions
politiques, les constitutionnalistes n’envisagent pas leur discipline de la
même manière. En effet, le plus souvent leur conception en la matière varie
selon les pays, les époques et les doctrines juridiques dont ile font partie.
En conséquence, la définition du droit constitutionnel a toujours fait l’objet
de querelles doctrinales. Ainsi, pour certains auteurs, le droit
constitutionnel serait une discipline qui étudie les règles posées par la
constitution ; c’est la conception dite "classique", par
contre, pour d’autres auteurs le droit constitutionnel comprendrait non
seulement les règles posées par la constitution, mais aussi l’ensemble des règles
relatives aux institutions politiques qu’elles soient contenues dans la
constitution ou non. C’est la conception dite "moderne".
A. La conception classique du droit constitutionnel :
l’approche juridique
Pendant longtemps, le droit constitutionnel, tel qu’il
était étudié et enseigné en Europe, a été un droit limité et purement formel.
Ainsi, comme pour le système juridique en général, les juristes avaient cherché
à le définir soit par des traits matériele, soit par des traits formele
(contenu).
1. La définition "formelle" du droit
constitutionnel :
Suivant cette définition, le droit constitutionnel se
confond avec le droit des constitutions, en ce sens que cette discipline étudie
les dispositions juridiques contenues dans la constitution, texte juridique
communément considéré comme la loi fondamentale de l’Etat s'imposant à tous et
supérieure à toutes les autres règles de droit (loi, règlement…etc.).
En conséquence, les études constitutionnelles portaient
essentiellement sur les règles de droit relatives à l’organisation et au fonctionnement
des pouvoirs publics supérieurs de l’Etat et à leurs rapports réciproques.
Cette définition est partiellement exacte puisque la
constitution d’un Etat forme l’objet essentiel de son droit constitutionnel.
Cependant, malgré cet argument, la constitution ne peut pas tout prévoir et ne
saurait être l’objet exclusif de cette discipline.
En conséquence, cette conception demeure limitée et ce pour
deux raisons principales :
* La première est que la notion du droit constitutionnel
parait plus retreinte que celle de constitution, car dans certain pays on
constate que des règles essentielles pour le fonctionnement de l’Etat et des
pouvoirs publics, donc des règles relevant forcément du droit constitutionnel
ne figurent pas dans la constitution, mais plutôt dans des règles juridiques de
moindre importance telles que les lois, les règlements, les décrets, le
arrêtés.
* La deuxième est qu’il existe des pays modernes et
démocratiques, comme la
Grande Bretagne , qui n’ont pas de "Constitution" au
sens formel du terme. Or qui pourraient s’en tenir sérieusement que ces pays
n’ont pas de droit constitutionnel. Par ailleurs, même dans les Etats où il y a
une constitution écrite celle-ci est souvent complétée, interprétée, voire
modifiée par le processus coutumier.
Par conséquent, le droit constitutionnel déborde le concept
de constitution et sa définition formelle telle qu’elle a été présentée ci-dessus
s’avère insuffisante.
2. La définition "matérielle" du droit
constitutionnel :
Selon cette conception, le droit constitutionnel se définie
par référence non à la forme des textes, mais à leurs contenus, sous cet angle,
il comprend l’ensemble des règles de droit qui {constituent la société
politique et son expression juridique qui est l’Etat, c'est-à-dire l’ensemble
des règles juridiques qui régissent le statut, l’organisation et le
fonctionnement des pouvoirs publics supérieurs de l’Etat}, et ici c’est donc le
contenu plus que la forme qui prime.
Cette définition semble plus complète et plus intelligible
que la précédente. Cependant, elle a l’inconvénient de rendre le droit
constitutionnel entant que discipline et corps de règles juridique fort imprécis.
B. La conception moderne du droit constitutionnel :
l’approche sociologique :
D’après certains auteurs contemporains (tele Maurice
Duverger, Georges Burdeau, Andres Hauriou), le droit constitutionnel est une
discipline qui ne soutient pas à la seule analyse des textes, mais qui
s’intéresse aussi au contexte. Autrement dit, en étudiant le droit
constitutionnel, on débouche inéluctablement sur l’étude de la science
politique ; une telle approche est très utile, car elle permet de donner leur
véritable portée aux règles de droit constitutionnel et aussi de préciser la
physionomie des institutions politiques.
Ainsi, malgré son nom, le droit constitutionnel ne se
définit plus uniquement par la constitution, elle tient désormais compte des
phénomènes qui excèdent le droit positif (tele par exemple le système des
partis et leur rôle dans les élections, la structure de la majorité). C’est
d’ailleurs pour cela que M. Duverger définit le droit constitutionnel comme
étant : "le droit qui s’applique aux institutions politiques",
il devrait selon lui s’appeler en réalité "droit politique"
plutôt que "droit constitutionnel".
Cette nouvelle approche du droit constitutionnel s’est
imposée en France dès le début des années cinquante, elle se fonde sur une
analyse des faits plutôt que sur "une conception a priori de l’Etat et
du gouvernement". Pourtant, elle se propose de montrer : "les
structures et les mécanismes du gouvernement des hommes tele qu’ile sont et non
tele qu’ile devraient être, ou plutôt tel qu’on voudrait parfois nous faire
croire qu’ile sont".
Cependant, depuis quelques années on assiste à une nouvelle
mutations de ce droit qui résulte cette fois-ci des transformations qui
affectent le fond même du doit constitutionnel, il s’agit principalement du
phénomène de "juridicisation" de cette discipline qui est
inséparable de celui de l’expansion de la justice constitutionnelle.
En conséquence, de nos jours le droit constitutionnel ne
peut plus être enseigné comme il était au 19ème siècle et au début du 20ème siècle.
Dès lors les définitions données précédemment ne correspondent plus tout à fait
à la réalité du droit constitutionnel qui présente en réalité un triple objet :
institutionnel, relationnel et normatif.
* Le droit
constitutionnel institutionnel : le droit constitutionnel régit les relations entre les
pouvoirs publics. Autrement dit, il règle les relations entre le pouvoir
législatif et le pouvoir exécutif, ile s’intéressent aussi à la dévolution du
pouvoir à son exercice aussi à sa transmission;
* Le droit
constitutionnel libéré (relationnel) : le droit constitutionnel régit aussi les relations entre
les individus et la puissance publique en conférant à ceux là un certain nombre
de droits et libertés fondamentaux;
* Le droit
constitutionnel normatif : la création et le régime des normes juridiques forment le
3ème objet du droit constitutionnel. En effet, la constitution se présente
comme "norme de production des normes", se qui signifie que les
compétences normatives puisent leur source dans la constitution qui va
consacrer leur existence et leur principale règle d’édiction.
En conséquence, le droit constitutionnel peut aujourd’hui
être défini comme l’ensemble des règles juridiques qui déterminent les
relations entre les pouvoirs publics et les droits et liberté fondamentaux,
ainsi que la création et le régime des normes juridiques.
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